Il y a 107 ans : le 24 octobre 1916, les Poilus reprennent le fort de Douaumont

Il y a 107 ans : le 24 octobre 1916, les Poilus reprennent le fort de Douaumont

24 OCTOBRE 1916, LE RICM REPREND LE FORT DE DOUAUMONT



Au nom sacré de Verdun, brodé en lettres d’or sur la soie des drapeaux, sont associés d’autres noms également évocateurs des batailles furieuses et meurtrières qui se déroulèrent autour de cette ville. Ainsi en est-il du Fort de Douaumont dont la reprise le 24 octobre 1916, par le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, est évoquée ci-dessous. Pratiquement désarmé, tombé aux mains de l’ennemi le 25 février 1916, le fort de Douaumont est considéré par l’état-major allemand comme une pièce maîtresse dans la poursuite des combats et l’investissement de Verdun. A la fin du mois de mai 1916, une première tentative française pour reprendre ce point-clef du terrain a échoué. En septembre, une nouvelle attaque est décidée, visant à rejeter l’ennemi au-delà du fort de Douaumont. Dans cette opération sera engagé le groupement du général MANGIN. Ayant déjà fait la preuve de sa pugnacité et de son allant, le RICM, sur le chemin d’une gloire naissante, reçoit la mission de reprendre le fort. Commandé par le lieutenant-colonel RÉGNIER, le régiment vient tout juste d’obtenir sa deuxième citation à l’ordre de l’armée après la reprise de Fleury-devant-Douaumont, au mois d’août ; il est composé de trois bataillons d’infanterie coloniale. Sur les 2.600 combattants qu’il compte, une majorité d’officiers, de sous-officiers et de marsouins a déjà connu l’épreuve du feu, mais un bon millier d’hommes, cadres et jeunes recrues, vient d’arriver des différents dépôts coloniaux. Qu’importe, l’amalgame sera vite réalisé avec les vieux briscards ! Par ailleurs, deux compagnies du bataillon somali, deux compagnies du 43e bataillon de tirailleurs sénégalais et une compagnie du génie lui sont attribuées en renfort. La préparation tactique et l’entraînement se déroulent dans la région de Stainville où stationne le régiment. Au sein de chaque bataillon, l’instruction est menée avec un exceptionnel souci du détail. Tous sont soumis à un véritable drill. La préparation d’artillerie débute le 20 octobre et déverse des milliers d’obus de tous calibres sur les positions ennemies. A partir du 21, les unités montent en ligne ; dans la nuit du 23 au 24, les dernières relèves sont effectuées ; commencent alors les heures interminables précédant l’assaut prévu à 11h40. En tête, le 4e bataillon du cba MODAT s’élance. Il a près de 1000 mètres à parcourir pour atteindre son objectif ; au rythme théorique de 100m toutes les 4 minutes pour suivre le canon. Impossible à tenir, un brouillard dense enveloppe un terrain bouleversé et inondé d’une boue gluante. Malgré le matraquage, des poches de résistance meurtrières se dévoilent dès les premiers mètres. Le combat est acharné et sanglant. Les pertes s’accumulent. Le cba MODAT est blessé ; le cne ALEXANDRE le remplace. Vers 13h, l’objectif est atteint et l’organisation du terrain commence. A la suite, le 1er bataillon du cba CROLL peut alors s’engager dans sa mission : partagé en deux fractions, prendre en tenaille le fort et s’installer au-delà. Vers 14h, le brouillard se lève et l’objectif apparaît. Le cne DOREY qui commande l’avant-garde du bataillon constate l’absence, sur ses talons, du 8e bataillon du cba NICOLAY dont la mission est de prendre le fort. D’initiative, il investit les abords immédiats, occupe et nettoie la superstructure puis atteint la position prévue. A 14h30, avec le reste du 1er bataillon, le cba CROLL intervient à son tour et vers 15h30, reformé défensivement en avant du fort, le 1er bataillon a rempli sa mission. Le 8e bataillon arrive enfin et en peu de temps, sapeurs de la 19/2 en tête, ce qui reste de la garnison est capturé après une vaine et brève résistance. Moment fondateur qui contribuera à forger la mystique et la réputation du RICM, cette seule journée de combat aura coûté plus de 500 hommes au régiment, dont 9 officiers et 149 sous-officiers, gradés et marsouins tués. Pour ce glorieux fait d’arme, son drapeau recevra la Légion d’Honneur et une troisième citation à l’ordre de l’Armée.

CBA (H) ALAIN HÉNAFF – ANA RICM Texte paru dans TIM 278 – Octobre 2016 et dans AOB 414 – Septembre – Octobre 2016