100 000 chiens de guerre dressés pour retrouver les blessés


Les chiens militaires


Le chien est l’ami de l’Homme, sa bonne compagnie mais aussi parfois un compagnon d’armes.

Sur ce dernier point, « Gallica – Bibliothèque nationale de France » diffuse en ligne l’ouvrage, daté de 1915, de Lasnier, Adolphe intitulé « Nos chiens sur le front » chez Maison de l’édition (Paris) et comportant de magnifiques illustrations de P. Malher.

Le préambule fait l’historique de l’utilisation du chien à travers les époques.

S’il fallait en faire un résumé, ainsi les Celtes formaient des régiments de dogues armés de cuirasses et colliers à pointes aiguës, aptes à attaquer l’ennemi. Les Grecs utilisaient les chiens pour la garde des forteresses. Des canidés soldats sont partis à la conquête du Nouveau-Monde. En 1702, le Roi d’Espagne possédait des chiens-éclaireurs. En France, la ville de Saint-Malo confiait sa surveillance de nuit à des dogues. Son blason en retrace ce fait historique.

Blason de la ville de Saint-Malo Source : wikipédia – Auteur Olivier Garaud – 25 mars 2007

Adolphe Lasnier poursuit ses propos sur les chiens au service de la Nation. Il en fait un classement par catégorie et précise le rôle attribué aux canidés.

  • Chiens ambulanciers destinés aux sections de brancardiers.
  • Chiens signaleurs ou patrouilleurs, accompagnant les patrouilles, les rondes, les marches en avant.
  • Chiens ravitailleurs apportant vivres et munitions.
  • Chiens tracteurs, attelés d’un brancard ramènent les blessés au poste de secours.
  • Chiens estafettes ou de liaison, permettent la communication entre deux points séparés par un terrain exposé au feu ennemi.

Le livre est consultable en ligne ICI. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10315961v

Source : Bibliothèque nationale de France, Qe-176-Pet. fol. Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France – Date de mise en ligne : 19/08/2013

Dans son livre, Adolphe Lasnier fait référence à un certain Capitaine Polet. Mais qui était ce militaire français ?

Cet officier fut le premier à entreprendre le dressage des chiens pour la recherche des blessés sur le champ de bataille. Les résultats obtenus attirèrent l’attention et ainsi fut créée la Société Nationale du Chien Sanitaire, placée sous la présidence d’honneur de Messieurs les Ministres de la Guerre, de l’Agriculture et des Colonies de l’époque.

Source : Bibliothèque nationale de France, Qe-176-Pet. fol. Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France – Date de mise en ligne : 19/08/2013


Les chiens sanitaires

Le Capitaine Polet devient une référence dans ce domaine et y consacre des ouvrages. Le site internet « mémoire des hommes » s’est intéressé au sujet. La rubrique « Arts et sciences militaire – Logistique » regroupe cinq volumes de référence. Dans la présentation, un bref historique de la montée en puissance de l’utilisation des capacités des chiens y est narré en ces termes :

« Les chiens sanitaires…

L’histoire du chien sanitaire ne date pas d’hier, puisque la première utilisation connue remonte à l’Egypte antique. Toutefois, ce n’est qu’à la fin du 19e siècle que les armées européennes ont commencé à s’intéresser de plus près aux facultés de recherche des chiens. En Belgique, un professeur d’école vétérinaire et deux journalistes firent plusieurs démonstrations de l’efficacité de ces chiens près de la ville d’Ostende en 1895. Le lieutenant Van de Putte fut convaincu et fonda peu après la « Société des chiens sanitaires ».

En France, la première « Société du chien sanitaire » fut créée en 1908 par monsieur Lepel-Cointet aidé du capitaine Tolet. En 1911, le ministère de la Guerre reconnut l’utilité des chiens sanitaires dans ses rangs et se lança officiellement dans leur formation. En 1913 et 1914, pour la première fois, les chiens furent admis au défilé du 14 juillet. Pendant la Grande Guerre, en 1915, le Ministère demanda l’extension des fonctions des chiens sanitaires à des fins militaires. Un camp de dressage expérimental à Maisons-Laffitte, sous la conduite de monsieur Lepel-Cointet, permit de fournir à l’armée, des chiens dresseurs, patrouilleurs, de liaison… A la fin de la guerre, plus de 3200 chiens furent au service des armées. C’est pourquoi la « Société des Chiens sanitaires » ajouta après la guerre l’appellation « Société de Chiens de guerre ». 

Il est présenté ici des volumes de référence en la matière rédigés par le médecin-major Bichelonne et le capitaine Tolet en 1907, le médecin-major Castaing ainsi que par la Société du chien sanitaire et chiens de guerre. Ces volumes sont conservés par la Bibliothèque du Service de Santé des armées au Val-de-Grâce (Paris) ». 

Ouvrages disponibles à la lecture :

  • Chiens de défense et chiens de garde – 1907
  • Le chien du service de santé – 1907
  • Le chien sanitaire – 1907
  • Société nationale du chien sanitaire – 1913
  • Le chien sanitaire. Les chiens de guerre – 1919
Source : https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=341&titre=les-chiens-sanitaires – Arts et sciences militaires – Logistique – Les chiens sanitaires.

Citation à titre posthume d’un maitre de chien

Journal officiel de la République française 16 mai 1922 – Extrait de la page 2258

Source :  Bibliothèque nationale de France, département Centre technique du livre, 2009-100524

Conservation numérique :  Bibliothèque nationale de France Date de mise en ligne :  26/03/2013 Droits  :  Consultable en ligne


De nos jours

Le 132e régiment d’infanterie cynotechnique (132e RIC), à Suippes, assure toutes les missions spécifiques liées à l’emploi des chiens militaires.

Une statue dédiée aux chiens héros civils et militaires a été inaugurée le 20 octobre 2022 à Suippes (Marne). Une initiative de la Centrale Canine, à proximité du plus grand chenil militaire d’Europe.

La ville de Gramat accueille le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie.

A Pozières dans la Somme, un mémorial en hommage aux animaux morts lors de la Grande Guerre par le « Australian War Animal Memorial Organization » a été inauguré le 21 juillet 2017.

Source : ministère des armées – Mise à jour 24 février 2022

Le monument aux morts de Pagny-sur-Moselle représente un soldat montant la garde avec son chien. Ce serait le seul monument recensé en Lorraine faisant apparaître un poilu avec son fidèle compagnon.


Thierry Ramoné, Délégué FNRG – GR 189 de Lannemezan