Commémoration au Pic du Douly

Commémoration au Pic du Douly

Nuit du 13 au 14 juillet 1944

Le samedi 09 juillet 2022, une cérémonie s’est déroulée au cimetière anglo-canadien du Douly, dans le Haut-Nistos, commune de Sacoué (65), marquant ainsi le 78ème anniversaire du crash, dans la nuit du 13 au 14 juillet 1944, du bombardier anglais Halifax venu parachuter armes et matériels pour la résistance.

1944, crash au Pic du Douly : 78ème hommage aux aviateurs anglais et canadiens

Conviée par la déléguée générale du Souvenir Français des Hautes-Pyrénées, notre Section était représentée par cinq de ses membres, à divers titres : Thierry Ramoné président de Section, Catherine Ramoné trésorière-adjoint, Roger Recurt porte-drapeau, Jean-Luc Deniau secrétaire, officiant en tant que porte-drapeau de l’UD des médaillés militaires des Hautes-Pyrénées et Pierre Soulé-Artozoul, administrateur, au titre de son mandat de président de la 846ème Section des médaillés militaires de Lannemezan.
Monsieur le préfet des Hautes-Pyrénées avait fait le déplacement, ainsi que de nombreux élus locaux dont Mme Maryse Carrère, Sénatrice.

Cet émouvant instant de recueillement m’incite à faire découvrir, à nos chers lecteurs et lectrices, ce lieu qui symbolise à lui seul, toute une génération de pilotes, une génération sacrifiée, héros malgré eux, engagés volontaires à combattre le nazisme et soutenir la résistance à n’importe quel prix.

« Le cimetière militaire du Douly, inauguré le 26 août 1994, est le plus haut d’Europe. C’est également le cimetière militaire le plus difficile d’accès. Vous êtes à la hauteur du devoir de mémoire », rappelle Alain Gaudet, représentant la CWGC (Commonwealth War Graves Commission), maître de cérémonie. Cet ancien militaire de la RAF retrace alors l’histoire de ce lieu et affirme en outre que ce coin de France n’a pas eu besoin des alliés pour être libéré, il s’est libéré tout seul. La libération du Sud-Ouest a commencé ici.
Après les dépôts de gerbes, Alain Gaudet récite des psaumes en anglais, traduits ensuite en français. Les noms des sept victimes sont énumérés et après chacune d’elle, un died for freedom (mort pour la liberté) est lancé, repris par l’assistance en français :
Leslie Arthur Peers, officier pilote – Albert Jean Baythorp, officier navigateur – James Spencer Goble, officier bombardier – William Ronald Wharmby, sergent radio opérateur – Jack Brooke, sergent mitrailleur – Harry Clarke, sergent mitrailleur – James Eduard Walsh, sergent mécanicien.

L’Histoire :

Un maquis est créé en juillet 1943 à Nistos (Hautes-Pyrénées). C’est au « Lita », près du col d’Estivère, dans une grange, que sont cantonnés les premiers arrivants (ouvriers, étudiants, cultivateurs), en majorité réfractaires au Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Ils sont alors 8 au total. Le groupe prend le nom de « Marat ».
Le 3 mars 1944, le maquis de Nistos fusionne avec le maquis d’Esparros créé en mai 1943. Les deux maquis forment ainsi la 3201ème Compagnie des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.), avec un effectif de 35 hommes. Soutenus par une foi inébranlable et un dynamisme entretenu par leur chef, ces jeunes patriotes acceptent avec courage de très dures épreuves. Mal équipés, ils peuvent parcourir de nuit, dans la neige ou sous la pluie, des distances de 30 à 50 km pour accomplir leur mission ou aller se ravitailler.
Les historiens évaluent à 25 le nombre des activités de sabotage menées par la 3201ème Compagnie contre les usines du plateau de Lannemezan, de la vallée d’Aure, les installations électriques haute tension, la voie ferrée Toulouse- Bayonne et les attaques contre l’ennemi.
En mai 1944, soixante guérilleros espagnols viennent renforcer les F.T.P.F. L’effectif total est alors de 140 hommes. Soutenus par les habitants de la région, dont certains y perdront la vie, le maquis de Nistos-Esparros devient légendaire. De partout, on exagère son importance. Ainsi, les Allemands, harcelés en maints endroits, ne peuvent croire qu’il n’en résulte que de l’action d’une poignée de gars déterminés. Mais, ces jeunes combattants ont besoin d’armes et de ravitaillement.
Au soir du 13 juillet 1944, 7 jeunes aviateurs, anglais et canadiens, de la « Royal Air Force », s’envolent de Blida (Algérie) à bord d’un quadrimoteur Halifax à destination de la France et plus exactement du Col d’Estivère, situé entre Nistos et Sarrancolin, où doit avoir lieu un parachutage. À 23h, le Halifax percute les flancs du Pic du Douly à 1400 mètres d’altitude. Dans l’après-midi du 17 juillet, l’appareil est découvert par deux habitants de Nistos. René RUMEAU*, jeune berger de 15 ans qui se trouve à proximité est chargé, par eux, d’aller prévenir l’instituteur du Haut-Nistos, point de contact avec la résistance. Le 18 juillet 1944, habitants et maquisards, après 03 heures de marche, arrivent sur les lieux du drame. Durant la journée entière, ils recueillent tous les indices, plaques d’identité, bagues, médailles afin d’identifier les corps. Dure mission pour les jeunes du maquis et ces habitants du Nistos. Un à un, les corps sont placés dans des containers de parachutage et déposés dans des fosses. L’inhumation terminée, les jeunes du maquis rendent les honneurs militaires. Une minute de silence est observée.
Mais la réalité est là. Les Allemands peuvent intervenir à tout moment. Il faut donc garder le secret. Les maquisards savent qu’ils peuvent faire confiance à l’admirable population du Nistos et de l’Arize.
Quelques jours après l’enterrement, les habitants, par dizaines, montent se recueillir et fleurir les tombes. Les autorités officielles, informées par un rapport de la gendarmerie de Loures-Barousse, daté du 4 septembre 1944, ne donneront aucune suite.

* René RUMEAU devenu Major de gendarmerie et adhérent à la Section FNRG de Lannemezan jusqu’en 2014, année de son décès. 

Remerciements à Monsieur Daniel Larrégola, président départemental de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACAR65) pour son aimable autorisation d’utiliser le site Internet « Maquis Nistos-Esparros » en ce qui concerne la partie « historique ».

Le cimetière anglo-canadien du Douly
Deux des représentants de la Section FNRG Lannemezan :
Roger Recurt, porte-drapeau et Jean-Luc Deniau, secrétaire

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